Si
l’on s’en tient au son et rien qu’au son, difficile de dire que le
collectif à géométrie variable répondant au nom de Ansatz der Maschine
est originaire de Belgique, de Kortrijk plus exactement.
Projet
porté par un seul homme, l’ingénieur du son Mathijs Bertel, ce
Commencement de la Machine a deux albums à son actif en 5 ans
d’existence (The Postman is a Girl et Painting Bad Weather on her Body
parus tous deux sur Vlas Vegas Records, respectivement en 2006 et
2008). Plutôt metteur en sons que compositeur, le jeune Belge concentre
ses efforts sur la déstructuration-restructuration de sonorités
acoustiques, pour développer une musique, certes cérébrale et complexe,
en même temps que d’une grande simplicité, au sens le plus noble du
terme.
En
live, le groupe se compose, selon les titres interprétés, de 4 à 7
musiciens, tous multi-instrumentistes, qui passent de la batterie aux
claviers, de la guitare au saxophone, avec une aisance et une fluidité
remarquables, et cela sans jamais tomber dans la démonstration. Au plus
fort du set, durant l’impressionnant Kohn Denny,
ce sont rien moins que 3 saxophones, 1 batterie, 1 guitare, 1 clavier
et 1 cor d’harmonie qui complètent et habillent les assemblages
électro-acoustiques du maître d’œuvre.
Si l’on excepte l’excellent Connect the Dots,
et son texte parlé-chanté, Ansatz der Maschine propose une musique
instrumentale, aux influences diverses, qui n’hésite pas à mettre en
contact la chaleur organique des instruments à vent et les textures
digitales les plus glaciales, à faire se rencontrer la légèreté de
tonalités venues d’Orient et les structures sonores massives qui ne
sont pas sans rappeler l’essence du post-rock. Quelque part entre
Godspeed You Black Emperor !, Sigur Ros, Brian Eno, Philip Glass et
Mike Oldfield (quand il était encore un musicien inspiré et non pas un
clown-clone de sa propre ombre, tout juste bon à cachetonner dans les
tournées Night of the Proms), la formation Belge déploie un son ample
et généreux, qui invite au songe et à la rêverie, à la découverte
aussi, la découverte de l’autre, de l’ailleurs…
Le
public, remarquablement attentif (rappelons qu’il s’agit d’un festival
gratuit !), ne s’y trompe pas et réserve une chaleureuse ovation à
Mathijs Bertel et les siens à l’issue des quelques cinquante minutes
qu’aura duré la prestation. Après coup, on a beau chercher un point
négatif, une critique même mineure, une simple remarque à formuler pour
contrebalancer l’enthousiasme, on ne voit vraiment rien à redire. Ou
plutôt si : c’était beaucoup trop court ! Olivier Bodart
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