La
Belgique est un plaisir et elle fait tout pour le rester ; tel est le
constat que l’on pourrait dresser à l’issue de la soirée d’ouverture de
la 6ème édition des Feeërieën, un festival gratuit organisé par
l’équipe de l’Ancienne Belgique.
Pour
le cadre, vous prenez un petit kiosque à musique niché au c½ur des
Jardins Royaux, dans l’un des plus beaux quartiers de Bruxelles ; un
kiosque que vous transformez en scène digne d’accueillir les artistes
les plus prestigieux, tant pour ce qui est de la sonorisation que des
éclairages. Vous disposez quelques rangées de bancs publics à l’ombre
des chênes pour le confort des spectateurs ; des spectateurs tous
animés d’une même envie de découvrir des sons de qualité dans une
atmosphère chaleureuse et conviviale.
Pour l’affiche, vous introduisez tout d’abord Dent May and his Magnificent Ukulele, uneformation
originaire du sud des Etats-Unis, qui fait couler pendant près d’une
heure une vague d’insouciance et d’humour gentiment décalé sur
l’assistance ravie, ambiance surfin’ U.S.A., chemises Hawaïennes et
Beach Boys revival sur fond de ciel bleu pétrole. Ensuite, vous laissez
tranquillement la nuit tomber. Puis, quand le noir est fait et lorsque
le parterre ne peut plus accueillir un spectateur de plus, vous
présentez The Bony King of Nowhere, un quintet originaire de Gand et
valeur montante déjà sûre au Royaume de Belgique. Et vous laissez la
magie opérer : des mélodies soyeuses, des accords simples et élégants,
soutenus par une section contrebasse-batterie tout en subtilité, une voix parfaitement posée, qui sait quand aller chercher
cette petit fêlure dans les mediums… vous pourrez toujours dire que
c’est le vent frais qui vous donne des frissons. Une
fois la dernière note de musique envolée vers les étoiles, vous
remontez les allées du parc, à la lueur des lampions colorés tendus en
guirlandes entre les branches des arbres, ou bien vous prolongez le
plaisir sous la boule à facettes suspendue devant le bar, et là, en
grand habitué des concerts et manifestations en plein air que vous
êtes, vous vous dites sans doute que ces Feeërieën sont un peu trop
féeriques pour être vraies. En tout autre lieu, vous n’auriez
probablement pas tort ; mais pas ici !
Si
vous aussi vous pensez que festival = concours de décibels formatés FM,
dans la boue et les papiers gras, essayez donc les Feeërieën de
Bruxelles, ça n’a vraiment rien à voir ! Olivier Bodart
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