Actuellement en tournée Européenne pour présenter leur plus récente production discographique, le rugueux Havilah,
les Drones faisaient escale au Grand Mix de Tourcoing en ce dimanche 24
mai. Tête d’affiche d’une soirée « défriche » qui les voyait côtoyer
Phosphorescent et les Great Lake Swimmers, deux formations évoluant
dans un registre country-folk bien éloigné des salves distordues et
autres assauts au larsen dont les quatre Australiens sont friands. Le
groupe originaire de Melbourne ne se présentait donc pas en terrain
conquis d’avance, de loin s’en faut ; pour dire la vérité, une bonne
part du public avait même capitulé avant le début des opérations
!
Mais
qu’importe si le parterre est particulièrement clairsemé lorsque les
lumières s’éteignent, cela n’empêche pas Gareth Liddiard de lancer ses
premières vociférations avec une détermination affirmée, guitare à
mi-cuisse et regard halluciné planté sur le grill. Et si l’ampli de Dan
Luscombe rend l’âme dès la fin du premier titre, « which is embarassing
» comme le commente le batteur Michaël Noga très pince-sans-rire, qu’à
cela ne tienne, le quatuor se transforme en trio et se lance dans une
improvisation furieusement déjantée, le temps de trouver une machine à
bruit de secours.
De
nouveau sonorisé, Dan Luscombe reprend sa place au sein de l’astronef
qui a sérieusement pris de l’altitude entre-temps. L’élément réellement
positif de cet incident est que, outre la belle cohésion qui règne au
sein du groupe, il aura aussi mis en valeur la formidable
complémentarité des deux guitares, et notamment en termes de
structuration du son, Gareth Liddiard s’occupant principalement de
ciseler des lignes mélodiques volontiers désarticulées, tandis que Dan
Luscombe débite riffs et nappes rythmiques qui donnent de l’épaisseur à
la matière musicale.
Evoquant tantôt Iggy Pop période Beat’em Up,
le génial et injustement méconnu Kim Salmon ou bien encore Nick Cave
pour les accès de colère sourde qui jaillissent soudain au moment où
l’on s’y attend le moins, les Drones prennent un plaisir manifeste à
être là, sur cette scène et à jouer, fort, très fort même parfois.
En
75 minutes rappels inclus, Gareth Liddiard, Dan Luscombe, Fiona Kitchin
& Michaël Noga ficèlent un set rempli d’énergie brute et de fureur
parfaitement canalisée. Une jolie leçon de rock, en somme ! Olivier Bodart
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