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The Notwist
13/04/2009
Ancienne Belgique - Bruxelles (B)

Session de rattrapage pour les Notwist, qui s’étaient vus contraints d’annuler leur étape Bruxelloise de décembre dernier, Markus Acher, le chanteur-guitariste étant alors souffrant. Petit détail qui en dit long sur le sens de l’engagement et du respect du public qui animent les trois Allemands : toutes les dates non-honorées durant l’automne font en fait l’objet de ce petit périple printanier. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle tournée, mais plutôt d’une série de performances éparses, en guise de conclusion retardée au Devil, You + Me Tour. Dès lors, aurons-nous droit au set « standard », au demeurant particulièrement efficace, présenté en 2008 ? nous n’allons plus tarder à le découvrir.

Fort judicieusement intégrée au programme du Domino Festival, la prestation des Münichois sera agrémentée non pas d’une mais de deux premières parties.

Ce sont les Américains de Woods qui se voient chargés d’ouvrir les festivités, devant, il faut bien le dire, une Ancienne Belgique particulièrement clairsemée ! Lorsque les premières notes retentissent, nous ne sommes guère plus d’une cinquantaine de spectateurs, inégalement répartis entre le parterre, les gradins et les deux balcons. Mais il est vrai que cette prestation programmée une heure avant l’horaire indiqué sur les tickets et affiches a dû échapper à plus d’un. Cela n’empêche cependant pas le trio de défendre ses compositions folk – lo-fi avec vigueur et sincérité. Et même si certains titres ont un air de déjà entendu, d’inachevé aussi parfois, les Woods parviennent à bâtir, au fil de la quarantaine de minutes qui leur est impartie, une prestation fort honnête ― une prestation que l’on appréciera d’autant plus après coup, c’est à dire après avoir vu et entendu l’énergumène qui leur succède sur l’affiche !

Vient donc le tour de celui que les flyers et le site Internet de l’AB nous annoncent comme « un artiste particulièrement difficile à cerner ». Allons bon ! Grampall Jookabox, aka David Adamson, est une sorte de one-man-band, qui se voudrait bien multi-instrumentiste, sauf qu’en fait il ne tâte guère que de la batterie, de la basse et du chant, avec un résultat très discutable qui plus est ― peut-être est-ce pour cette raison qu’en live il est accompagné (doublé ?) par un second batteur ! Le reste, à savoir une bande-son vaguement trip-hop, est assuré par des machines ; mais celles-ci ne marchent pas toujours trop bien, c’est vraiment dommage ! et nos deux compères se voient contraints à moult reprises d’interrompre leur set pour sortir la caisse à outils ― la technologie, que voulez-vous ! Sinon, à part ça, David Adamson porte un bonnet rouge pourvu d’une petite ampoule qui permet de le suivre du regard quand il descend dans le public pour aller secouer tous ces spectateurs qui ne font rien qu’à parler entre eux, les malotrus ! ― bah oui, mais en même temps, on ne les avait pas prévenus, lesdits spectateurs, que ce soir, il y avait un numéro de cirque au programme… David Adamson danse bien aussi, et en rythme avec ça ! quand le baladeur CD qui assure 80% de sa prestation n’est pas débranché du moins. Voilà ! c’est à peu près tout ce que l’on retiendra de cette demi-heure de… (difficile de mettre un mot sur cette chose à laquelle nous avons assisté !).
En résumé, Grampall Jookabox a certainement toutes les qualités pour animer fêtes de village et autres spectacles estivaux itinérants, mais pour ce qui est d’occuper dignement une enceinte aussi prestigieuse que celle de l’Ancienne Belgique, on en reparlera dans quelques années…

Mais dans quel état vont donc être les Notwist ? ne peut-on s’empêcher de s’interroger avec un brin d’inquiétude. Hilares (c’était qui ce clown ?), affligés (et pourquoi on nous a mis ce clown en première partie ?) ou carrément déprimés (tu crois qu’on peut encore faire de la musique après un clown pareil ? moi j’essaierai bien le trapèze plutôt…). Mais non, ce sont 5 hommes très concentrés qui montent sur scène, comme si de rien n’était (ils ont dû sortir prendre l’air, en fait), afin de procéder eux-mêmes au réglage de leur matériel respectif.

Cela fait 20 ans maintenant que les Notwist promènent leur son si singulier de part le monde et bâtissent une discographie suivant le rythme qui leur convient ― il aura ainsi fallu patienter six longues années avant de voir enfin paraître, au printemps 2008, le successeur du sublime Neon Golden. Et si il n’y a guère de similitudes entre les éruptions punk-hardcore des débuts et les mélodies finement ciselées qui éclairent l’électro toute en douceur d’aujourd’hui, il y a néanmoins un dénominateur commun à l’ensemble de leur carrière : la sincérité artistique et l’absence de toute concession vis à vis du music business.

Comme en 2008, c’est le délicat Boneless qui ouvre le concert. Premier constat : le son est exceptionnel de clarté et, surtout, la voix de Markus Acher est particulièrement bien mixée. Pick up the Phone vient ensuite et fait instantanément monter la pression d’un cran au sein d’un public qui ne demande que ça pour s’enflammer tout à fait. On remarque d’ailleurs que ce sont systématiquement les titres issus de Neon Golden qui recueillent les faveurs de l’assistance, signe incontestable que cet album vieux de 7 ans déjà est en train d’accéder tout doucement au statut de classique. Il faut dire aussi que les versions de This Room et de Pilot notamment, qui, en live, atteignent allégrement la dizaine de minutes, permettent au groupe d’exprimer toute l’étendue de leur talent, entre bidouillages électro-ambient et salves de guitare abrasive. C’est aussi sur ces titres-là que leur maîtrise de la scène transparaît de la façon la plus criante, même si la technique ne l’emporte jamais sur le plaisir, le plaisir simple d’être là, ensemble, et de jouer.

Si l’on excepte le très rêche Puzzle, extrait de l’album 12, le set principal des Allemands prend la forme d’un aller-retour incessant entre Neon Golden et The Devil, You + Me, leurs deux derniers opus en date. Servis par un light-show éblouissant, les Notwist délivrent une prestation qui va crescendo, et c’est sous un véritable tonnerre d’applaudissements et de cris largement mérités qu’ils regagnent les coulisses après 75 minutes remarquables d’équilibre et d’intensité.

Les rappels verront le groupe apporter une touche de nouveauté par rapport aux prestations de l’an dernier, via Chemicals et Day 7, issus du très beau et injustement méconnu Shrink, paru en 1998. Les 6 titres « bonus » offerts au public de l’Ancienne Belgique porteront à 1h50 la durée totale d’une performance incandescente qui restera dans les mémoires.

En attendant le Cactus Festival de Brugge le 12 juillet prochain !

Olivier Bodart


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