Seconde visite
en métropole Lilloise en moins de six mois pour le trio électro-pop qui
monte, et un Grand Mix bien garni pour accueillir ceux que l’on
présente comme les ambassadeurs de l’ère numérique.
Réputés pour
leur scénographie très élaborée, Joseph Mount, Oscar Cash &
Gabriel Stebbing, tous trois vêtus d’un tee-shirt noir pourvu d’une
lampe ronde au niveau de la poitrine qui s’allume et s’éteint au
toucher, s’avancent néanmoins sans effet d’annonce, en toute discrétion
presque, alors que les lumières de la salle sont toujours allumées. Les
trois garçons prennent place face à leurs installations respectives
disposées en front de scène et lancent sans attendre l’introduction
de Holiday, surprenant ainsi une bonne part du public qui
s’attendait sans doute à une entrée plus théâtrale.
Assez
étonnamment, l’entame du set paraît un peu poussive, malgré le choix
d’un titre particulièrement énergique, sur CD du moins ― peut-être
est-ce dû au son qui n’est pas parfait durant les premières
minutes ? Le groupe reprend toutefois très vite les choses en
main, dès On the Motorway, instrumental imparable qui convoque
à la fois le sens de la mélodie de Brian Eno période Another Green
World et la rythmique entêtante des Kraftwerk au meilleur de leur
forme. On pourrait penser qu’un tel titre arrive un peu tôt dans la
setlist, mais en fait non, il vient même à point nommé pour lancer une
machine un peu lente au démarrage.
Par la suite,
le trio déroulera le fil d’une
prestation ultra-réglée, suivant un schéma bien connu. Une première
moitié du show est dédiée à Nights Out, leur second album sorti à l’été
2008 et tout récemment re-packagé par Karl Lagerfeld (!) en version
Deluxe (!!). S’ensuit un bref intermède d’une dizaine de minutes qui
voit le groupe revisiter son tout premier album, bien moins connu
celui-là. Et, enfin, la seconde moitié du concert fait la part belle
aux titres les plus catchy de Nights Out, ceux pour lesquels l’immense
majorité des spectateurs est venue, avec l’excellent Radio Ladio en
final.
Entre
enchaînements à la fraction de seconde et chorégraphies au millimètre
(lesquelles chorégraphies, disons-le franchement, flirtent
dangereusement avec le mauvais goût qui était l’apanage des boys band
dans les années 80-90), le groupe ne marque aucun temps mort. C’est là
une évidence : il faut qu’à chaque instant il se passe quelque
chose, que chaque seconde qui s’écoule soit remplie de son !
Dans ces conditions, on comprend sans peine que la place laissée à
l’improvisation se voit réduite à sa portion congrue. Malheureusement,
cette quête quasi-obsessionnelle de paramétrage de la scène a un effet
pervers : la spontanéité et la sincérité en prennent un
sérieux coup, jusqu’à faire défaut parfois. Ainsi, à maintes reprises,
le spectateur a davantage l’impression d’assister à une représentation
de pantomime, voire à un spectacle de marionnettes, qu’à un concert de
musique vivante.
En une petite
heure rappels compris, l’affaire est entendue. Le public semble
majoritairement comblé mais n’en demande pas plus.
Au final, les
uns diront qu’il s’agissait d’un set équilibré et très efficace, tandis
que les autres penseront que c’était une prestation sans surprise et
sans âme… et personne n’aura tout à fait tort ni vraiment
raison ! Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les 3
Metronomy font montre d’un professionnalisme sans failles et que leur
rapport à la scène justifie à merveille le patronyme qu’ils se sont
choisi, car il est difficile d’imaginer performance plus métronomique,
pour ne pas dire robotique.
Olivier Bodart
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